Lettre d'information "The Sharp-E"
Mai 2022
Clorindo Mattei a créé Clortech en 1987, après son départ d'une autre entreprise de fabrication d'outils spéciaux à Montréal, Canada.
L'entreprise compte aujourd'hui une vingtaine de salariés, et la passion pour les détails de Clorindo, son fondateur et président, sa déontologie et la fierté qu'il tire de ses créations sont restés les mêmes. L'organigramme comprend l'épouse de Clorindo, Carmela, et ses enfants, Emila, Mena Mattei et Patrick Mattei.
« Chacun de nous donne plus que le maximum. L'une des raisons en est que mon père a émigré dans ce pays sans autre chose que ses vêtements. » raconte Patrick, vice-président Production de Clortech.
« Il a travaillé très dur, les émigrants devant déployer deux fois plus d'efforts que les Canadiens afin de se faire une place. Une grande partie de cet état d'esprit sous-tend la réalisation de nos produits. »
L'entreprise familiale est installée dans l'établissement de 1 400 m2 de la rue de Castille depuis 2003, mais a connu une forte évolution depuis.
Dans les années 80 et 90, toute l'activité était centrée sur les clients du secteur aéronautique. Les dix années qui ont suivi - avec le 11 septembre et la crise financière mondiale - ont souligné combien le secteur pouvait se montrer capricieux et la nécessité d'une diversification.
Durant la période où Clortech se consacrait entièrement à l'aéronautique, Patrick ne savait pas encore qu'il allait s'orienter vers l'outillage de précision. Il effectuait alors des études d'architecture, travaillant également à temps partiel dans l'entreprise familiale depuis ses 14 ans, et précise « mon père possédait uniquement des équipements conventionnels. Je n'avais rien contre les équipements conventionnels, bien entendu. Mais disons qu'ils ne m'intéressaient pas particulièrement. »
Après réflexion, Patrick décide « qu'il pourrait être utile de saisir une telle opportunité » et s'inscrit en génie mécanique à l'Université Concordia, tout en poursuivant son travail à mi-temps chez Clortech. La même année, Clorindo réalise le potentiel offert par une modernisation et une seconde génération de machines, et investit dans la première machine CNC de Clortech, un modèle ANCA TG7.
« Le temps que je termine l'université, nous possédions déjà trois machines CNC : une rectifieuse, une fraiseuse et un tour.
« Lorsque j'ai obtenu mon diplôme, l'entreprise continuait sur sa lancée et ajoutait régulièrement de nouvelles machines à son parc. Nous envisagions toutes les dépenses avec beaucoup de prudence et d'esprit d'économie. Une machine après l'autre, nous avons commencé à nous équiper, lentement mais sûrement. »
L'entreprise possède aujourd'hui deux exemplaires de chaque modèleTG7 Plus, TX7 et TX7 Linear d'ANCA, ainsi que des tours et fraiseuses CNC et une série d'équipement d'usinage manuel dans son atelier.
La clientèle s'est également étendue, avec un équipement d'entretien et de réparation à l'attention des Forces armées canadiennes, des perceuses pour les installateurs de traverses ferroviaires, ainsi que des outils pour les clients traditionnels de l'entreprise tels que Pratt & Whitney.
Cette diversification a permis d'amortir les conséquences de la pandémie de COVID-19, qui a entre autres porté un dur coup aux compagnies aériennes.
« Le ralentissement accusé par le secteur aéronautique a été absorbé par l'augmentation du transport ferroviaire. » déclare Patrick.
L'aviation reste néanmoins fondamentale pour Clortech. Partie de son offre - outre les kits MRO (entretien, réparation et révision), la production et les contrats de développement d'outils – est l'AOG 911, service de production d'outils et de réparation très réactif.
« L'aéronautique ne se limite pas à la demande d'outils complexes mais a souvent besoin de ces outils avec urgence. Nous avons très souvent des demandes concernant des appareils qui se trouvent au sol, à Montréal ou dans le reste du monde. » ajoute Patrick.
« Ces appareils doivent voler, et on nous demande donc de réaliser un outil dans des délais pouvant aller de quelques heures au lendemain. Cet outil peut être simple ou complexe, et nous devons le réaliser le plus vite possible et sans marge d'erreurs. »
Répondant à la question d'investir dans une solution d'automatisation intégrale de haut niveau, Patrick déclare que l'expansion de l'entreprise n'est pas sa priorité, ce qui lui importe véritablement étant d'effectuer un travail optimal et d'être compétitif sur des volumes limités.
« Le logiciel qu'ANCA nous permet de programmer rapidement la machine et de produire de petits lots de composants. Il est extrêmement convivial, un plug and play très simple. »
« Lorsque nous avons reçu notre première machine, ANCA y avait intégré un simulateur permettant de visualiser l'outil en 2D. Fantastique et totalement à l'avant-garde pour l'époque. Nous disposons maintenant d'un logiciel qui permet de produire les rendus 3D d'un outil avant de transférer le programme sur la machine, et nous pouvons donc rectifier un composant hors ligne en mode virtuel et économiser considérablement le temps passé sur la machine.
« Nous produisons des volumes réduits, loin des 4 millions, ou même des 200 composants. Il est donc nécessaire de réaliser rapidement les trois fraises ou les deux forets que vous devez livrer. Le logiciel nous le permet, et c'est ce que nous avons immédiatement aimé chez ce produit. »
Xiaoyu Wang, responsable Produit TX d'ANCA a déclaré : “ANCA est le premier fabricant de rectifieuses à appliquer une conception assistée par ordinateur de pointe au secteur des outils de coupe. Le moteur analytique de CIMulator3D simule le processus de taux d'enlèvement du matériel en gérant avec précision les déplacements des modèles de meule sur l'ébauche. Cela permet aux concepteurs d'outils d'analyser la géométrie de l'outil, et aux opérateurs d'optimiser le processus de rectification. »
« Le tout nouveau développement du graphique MRR renforce encore les capacités de CIMulator3D, avec un outil analytique offrant davantage d'informations sur le processus de rectification. Je pense que les clients haute technologie tels que Clortech pourront réaliser pleinement leur potentiel. » conclut-elle.
Patrick déclare également que Clortech pourrait bientôt investir dans une autre machine CNC d'ANCA, mais qu'il attend pour cela d'évaluer les retombées de l'invasion russe en Ukraine.
Le principal est de continuer à gérer une entreprise de type familial fondée sur la fierté et la passion, davantage que poursuivre une croissance à tout prix. Patrick précise que ses frères et sœurs et lui-même possèdent des diplômes universitaires, et qu'ils ont quitté leurs emplois dans des multinationales pour se consacrer à l'entreprise familiale, même si cela a impliqué des salaires inférieurs.
« Nous l'avons fait afin de pouvoir réaliser un produit supérieur à celui de nos concurrents et donner le meilleur de nous-même. Nous pourrions parler longuement de la fierté liée à notre nom et à nos produits, plutôt que de nos revenus. » assure-t-il.
« Personne ne demande à Ferrari : « Combien avez-vous gagné cette année ? » « Tout le monde dit en revanche : cette voiture, quelle merveille. » Et nous sommes particulièrement gratifiés par les retours de nos clients, qui déclarent adorer les performances de leurs outils. C'est la fierté de ce que nous faisons qui nous anime. »
7 avril 2022